
La demande insistante qu'on formule depuis quelque temps déjà d'une éthique du sport trouve une de ses principales causes dans la violence, la tricherie, le dopage et autres «impuretés» qui viennent régulièrement entacher l'image idéale que l'on se fait de la pratique sportive. Saisies de cette demande, diverses instances — gouvernementales, professionnelles, journalistiques, scientifiques — ont avancé que les valeurs fondamentales de l'agir sportif sont celles du fair-play et de l'esprit sportif. Qui plus est, non seulement ces deux valeurs sont-elles le plus souvent confondues, mais elles sont également ramenées à l'idée selon laquelle le principe éthique du sport réside dans le respect de la règle. Est-ce donc là toute l'éthique du sport? C'est celle en tout cas dont le milieu sportif se contente, particulièrement en Amérique du Nord. À tort, estime l'auteur, qui y voit l'emprise que l'utilitarisme et le légalisme exercent sur l'époque. Remontant donc aux fondements philosophiques de l'éthique de la règle, il en montre les limites et les effets néfastes sur la compréhension de l'homme, du sportif, du sport et de l'éthique elle-même.
Léo-Paul Bordeleau a été professeur au département de philosophie et à l'école des sciences de l'activité physique de l'université d'Ottawa. Chez Liber, il a codirigé, avec Sébastien Charles, Corps et science. Enjeux culturels et philosophiques (1999).