
La question posée au départ de cette réflexion porte sur la contradiction et l'écart entre l'effort pour partager une pensée commune à un groupe et celui pour rester sensible aux singularités de chaque patient; elle porte aussi sur l'écart entre l'homogénéisation que l'institution et la formation analytiques imposent comme idéal et le développement d'une pensée ouverte en permanence à l'imprévisible et à la surprise. L'expérience permet d'apporter une réponse.Tant qu'un analyste est incrusté dans une institution ou dans une théorie, sa tendance est d'en imposer à ses patients son idéologie propre, de manière à parfaire sa propre identité en tant qu' analyste. Dans ce sens, l'institution censée protéger et transmettre l'analyse est aussi sa pire ennemie. Et son pire ennemi, dans la mesure où il a souhaité l'institutionnalisation de sa pensée, a été Sigmund Freud.
Luiz Eduardo Prado de Oliveira est psychanalyste. Professeur émérite de psychopathologie clinique, il est directeur de recherche au CRPMS, université Paris 7 – Denis Diderot. Il est membre d’Espace analytique et de l’International Sándor Ferenczi Society. Il a publié récemment L’invention de la psychanalyse. Freud, Rank, Ferenczi (Campagne Première, 2014) et Sándor Ferenczi, la psychanalyse autrement (Armand Colin, 2011).