
La révolution tranquille nous a habitués à diviser l'histoire du Québec en deux: avant 1960 et après. La société serait alors passée du moyen âge le plus attardé à la modernité la plus avancée. Rejetant ce qu'elle avait adoré, non seulement elle se serait débarrassée de l'Église, qui avait fait régner sur elle une grande noirceur, mais elle aurait poussé plus loin qu'ailleurs la remise en question de la religion. Aujourd'hui professeur de sciences religieuses à l'université du Québec à Montréal, Louis Rousseau était à l'époque chez les dominicains, qu'il a quittés. Comme beaucoup d'autres. Mais il n'a rejeté ni sa foi ni le passé. Il en a même repris l'étude à nouveaux frais, sans l'esprit revanchard qui animait l'historiographie née de la révolution tranquille. Du point de vue religiologique qui est le sien, l'histoire religieuse du Québec devient plus nuancée et la disparition du sacré dans la société moderne moins certaine. Sa réflexion invite à reprendre le dialogue avec le passé et à être plus attentif aux formes actuelles du religieux.