En empruntant à l'art africain, Picasso n'a-t-il fait que transporter le colonialisme dans l'art? En s'appropriant la symbolique des Amérindiens, Emily Carr a-t-elle volé leur âme tout en la trahissant? De manière générale, en intégrant dans son œuvre des objets, des thèmes ou des personnages d'une autre culture que la sienne, un artiste de la culture dominante en donne-t-il forcément une image inauthentique sinon stéréotypée et méprisante? Autrement dit, particulièrement à notre époque de relativisme culturel, la liberté d'expression a-t-elle comme limite l'identité de l'autre? La question est d'autant plus délicate que l'art vit de subventions publiques et que l'État peut très bien être tenté de censurer ce qui risque de heurter les susceptibilités identitaires, qu'elles soient religieuses, sexuelles ou ethniques. Il l'a fait aux États-Unis. Au Canada, des artistes issus de groupes minoritaires ont fait campagne pour que le Conseil des arts impose lui aussi des conditions à ces subventions. Mais peut-on limiter la liberté d'expression, droit fondamental de la société libérale? À travers une série d'exemples tirés de l'histoire américaine et canadienne récente, l'auteur reconstitue ici un des grands débats qui animent les démocraties actuelles. Coédition: Presses de l'université Laval
Jean-François Gaudreault-DesBiens est professeur titulaire et vice-doyen à la Faculté de droit de l'Université de Montréal, où il enseigne notamment le droit constitutionnel, le droit comparé et la théorie du droit. Il s'intéresse de manière toute particulière aux libertés fondamentales et au fédéralisme. Il a été professeur invité dans de nombreuses universités étrangères, en plus d'avoir été professeur aux universités McGill et de Toronto. Il est membre des Barreaux du Québec et de l'Ontario.