
Il y a quelques années, on a proposé aux Québécois deux dictionnaires du français qui faisaient une large place à leur parlure (le Dictionnaire du français Plus et le Robert québécois). Rejetés l'un et l'autre par ceux-là mêmes à qui ils entendaient donner une image satisfaite de leur langue, ces deux ouvrages n'ont pourtant pas coupé court au projet d'un grand dictionnaire national. Bien au contraire, l'idée de faire du québécois une «variété autonome de français» et de le cautionner par une entreprise lexicographique de même farine que les entreprises précédentes n'a cessé d'agiter un groupe de linguistes qui exerce une mainmise certaine sur les organes de la Charte de la langue française. Leur ambition de donner naissance à un dictionnaire qui accueillerait non seulement les particularismes du français québécois — ce qui va de soi — mais aussi ce qu'il faut bien appeler les marques de l'aliénation linguistique et de l'inculture — que le sentiment même des locuteurs voudrait dépasser — se nourrit pourtant de sophismes et d'idéologie revancharde. Ce sont ces maquignons de la langue que Diane Lamonde dénonce dans ce livre, que Jean Larose présente comme «la plus importante contribution de ces dernières années au débat sur la langue québécoise». Par-delà l'aspect technique, on comprend en effet que c'est tout le rapport à la langue, à l'éducation et à la culture qui est ici questionné.