Il y a, entre la police et la population, un contact à rétablir, une confiance à restaurer. Telle est la tâche urgente que cet ouvrage assigne à l'institution policière. Or, elle ne pourra s'en acquitter aussi longtemps qu'elle conservera sa rigidité hiérarchique, sa centralisation décisionnelle, son idéologie paramilitaire, et qu'elle se donnera pour unique mission de combattre le crime. Ce qui fait désespérer de la police, c'est moins en effet le faible rendement en matière d'élucidation des délits graves que le sentiment qu'elle ne s'attaque pas à tous ces comportements qui, des incivilités à la délinquance de rue, empoisonnent la vie urbaine quotidienne. À cet égard, la demande que la collectivité lui adresse avec de plus en plus d'insistance en est moins une de répression que de prévention et de maintien de l'ordre. Pour y répondre adéquatement, cela exige à la fois qu'elle revoie son organisation et son mode d'opération, qu'elle modifie sa mentalité et qu'elle repense sa mission. C'est à ce prix qu'elle pourra se rapprocher de la population et contribuer, en collaboration avec les autorités politiques aussi bien qu'avec les autres acteurs du terrain, à apaiser son sentiment d'insécurité.
Né à Paris en 1953, diplômé de l’université hébraïque de Jérusalem puis de l’université de Montréal, Maurice Chalom est spécialiste en andragogie et en stratégies d’intégration des immigrants, prévention de la criminalité et réformes des polices.