«“ Détruire ”, le mot fait peur. Il est synonyme de ruiner, annihiler, anéantir, dévaster. Il évoque pour notre imaginaire politicolinguistique une histoire bien singulière, renvoie l'homme à des comportements dont il est en général assez peu fier. Et notre indignation morale est sans fin. Le champ sémantique du mot recouvre une réalité qu'on cherche en général à fuir: guerre, conflits, souffrance, violence. La compréhension du terme et de la réalité qu'il recouvre est socialement fixée.» Au-delà de ces significations spontanées, la notion a pourtant une portée philosophique plus profonde et plus générale, qui se révèle à travers une réflexion radicale sur les deux manières que nous avons de définir l'homme: par sa nature intime (son intériorité) et par le rapport à l'autre. Or, dira l'auteur, ces deux inventions modernes sont à la fois des tentatives de négation de la destruction inhérente à l'existence et son exacerbation. C'est cette logique de l'existence qu'il s'agit de faire apparaître ici dans son implacable fatalité, sans le cataplasme d'une pensée de l'espoir et sans promesses de bonheur.» Lawrence Olivier
Lawrence Olivier est professeur de science politique à l’université du Québec à Montréal, ainsi que professeur associé au département de philosophie de l’université Laval et au département de sémiologie de l’université du Québec à Montréal. Aux éditions Liber, il a publié Michel Foucault. Penser au temps du nihilisme (1995), Le savoir vain. Relativisme et désespérance politique (1998), Contre l’espoir comme tâche politique, suivi de Critique radicale. Essai d’impolitique (2004) et Détruire: la logique de l’existence (2008).