«Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux, disait Camus, c’est le suicide». Oui, mais il existe mille façons de parler du suicide et autant de se suicider. La mort volontaire n’est pas ce qu’on pense généralement. Elle ne se réduit pas à un acte choisi, à un événement précis. À preuve Charles Bukowski. Son existence s’apparente à un suicide lent, à un aller vers la mort qui s’accomplit chaque jour. Ce qu’on voit chez lui d’une manière évidente, c’est un «échapper à l’existence»: jeu, alcool, sexe, fainéantise, indifférence même à toute chose. Si l’existence n’est pas toujours facile, souvent absurde, Bukowski plus que Camus l’a montré. Mais on persiste à donner raison à celui-ci et non au premier. On continue de prétendre qu’il faut non pas abandonner, mais se révolter: là serait notre seule condition. En est-on sûr? Menée dans une perspective radicale — celle qui doute de tout sans compromis et sans aucun désir de proposer autre chose à ce qui est soumis à la question —, cette réflexion sur notre rapport à la mort et à l’existence répond à cette question.
Introduction 11
Chapitre 1 L’impossibilité de l’homme 35
Chapitre 2 Littérature contre philosophie 69
Chapitre 3 Haine: révolte et suicide 113
Conclusion 139
Lawrence Olivier est professeur de science politique à l’université du Québec à Montréal, ainsi que professeur associé au département de philosophie de l’université Laval et au département de sémiologie de l’université du Québec à Montréal. Aux éditions Liber, il a publié Michel Foucault. Penser au temps du nihilisme (1995), Le savoir vain. Relativisme et désespérance politique (1998), Contre l’espoir comme tâche politique, suivi de Critique radicale. Essai d’impolitique (2004) et Détruire: la logique de l’existence (2008).