
« Un analysant écrit à son analyste. Lettres, messages, poèmes, récits de rêves ou de souvenirs, aveux d’un désir, ou d’une douleur, qui ne se dit pas. Ces écrits en marge des séances occupent une place à part dans l’analyse ou la psychothérapie, comme si le désir inconscient et ses tourments trouvaient là à se loger. Dans le mouvement même de son écriture, le sujet rejoint la part cachée de son être, celle qu’il ne livre pas en séance. Il se souvient de lui-même en quelque sorte, pour et avec un autre qu’il retrouve dans l’imaginaire. Nous ne sommes plus seulement dans “ l’échange de mots ” (Freud) au sens strict, mais dans la correspondance. S’agit-il d’une écriture analysante ? D’une échappée hors du cadre analytique ? A-t-on affaire à un récit de soi qui trouve sur le divan sa raison d’être ? Et comment les psychanalystes accueillent-ils les écrits de leurs patients ? La réflexion proposée ici ne porte pas tant sur des écrits publiés que sur ceux qui croisent la parole en séance. Pour certains, l’écriture a précédé leur entrée en analyse et a rendu possible une ouverture à la parole analytique et à ses soubassements inconscients. Pour d’autres, déjà en analyse, elle est apparue comme une issue créatrice constituant symboliquement une “ chambre à soi ” (Virginia Woolf) pour y déposer les sédiments de sa parole. Le divan, réel ou imaginaire, constitue dès lors ce lieu où la lettre se compose, rejoint d’autres lettres, des inscriptions et récits d’autrefois en quête de quelque destinataire invisible. » (Louise Grenier)
Présentation 7
Janine Altounian, Une "écriture d'analysante" en deux temps 11
Claude Brodeur, Regards indiscrets... 19
Jean-François Chiantaretto, Les volontaires de l'assignation 41
Mireille Fognini, Lettres dormantes en poche restante 45
Louise Gareau, Une écriture naît 71
Francine Godin, Cher analyste 77
Evelyne Gosse-Oudard, Un écrit à deux voix. Création
d'un tiers analytique 79
Louise Grenier, Lettres du silence 97
Marie Hazan, Trente ans après 111
Sophie Lapointe, Cerner le réel : parole, écriture du divan 123
Isabelle Lasvergnas, L'abîme des mots 133
Monique Lévesque, Les franges du réel. Considérations
sur le trait unaire 141
Ghislaine Pesant, Fragments d'autopsygraphie 149
Michel Peterson, Témoins de l'impossible 157
Luiz Eduardo Prado de Oliviera, La haine dans le contre-transfert.
L'expérience clinique 173
Daniel Puskas, Écrire (s) 187
Jacqueline Rousseau-Dujardin, Comment naît la parole analytique 201
Marie-Brigitte Ruel, Le creuset analytique 211
Claude Spielmann, Ophélie ma folie 241
Louise Grenier est psychologue et psychanalyste, chargée de cours au département de psychologie de l’université du Québec à Montréal, coordonnatrice du Groupe d’études psychanalytiques interdisciplinaires (GEPI) et responsable du Cercle d’animation psychanalytique (CAP) de l’université du Québec à Montréal. Elle a publié Les violences de l’Autre. Faire parler les silences de son histoire (Quebecor), Femme d’un seul homme (Quebecor), Filles sans père (Quebecor) et codirigé plusieurs ouvrages dont Penser Freud avec Patrick Mahony (Liber) et Le projet d’Antigone (Liber).