
Ce livre cherche à dégager les fondations sur lesquelles les piliers centraux des institutions politiques occidentales (État-nation, loi, souveraineté, droits de l’homme, etc.) ont été établis ; fondations enfouies sous les décombres d’un Occident dés-orienté, ayant perdu ses repères principiels, doutant de soi ou se reniant. Il cerne la nature des rapports entre « État » et « nation » à travers les relations tourmentées de ce que deviendront la « France » et l’« Allemagne » issues du règne de Charlemagne, « père de l’Europe ». Ces deux pays illustrent respectivement de façon paradigmatique l’État souverain unitaire et l’État évanescent d’un Saint-Empire mourant en 1806.
Nietzsche avait raison de penser que la « tyrannie » est le régime politique le plus ancien. Les analyses spectrales de Platon ont montré que le « tyran » sommeille en chacun de nous, prêt à se « projeter » sur la scène politique. Nous sommes ainsi renvoyés à une anthropo-politique où les droits humains font partie de l’anthropogenèse qui pose des garde-fous pour empêcher l’humain de régresser à sa première nature de brute tyrannique. Ces garde-fous pour combattre la tyrannie prennent des « visages » différents selon les époques : la « justice » dans l’Antiquité classique, les « droits » à l’époque de l’« État souverain ».
Presse :
À lire, la chronique du livre de Heinz Weinmann parue dans Sciences humaines.
Entretien croisé passionnant Heinz Weinmann / Gil Delannoi, dans Le Monde : La nation est un instrument d'inclusion.
Introduction 11
Première partie - France et Allemagne : État souverain contre empire
Chapitre 1 Au commencement étaient les monstres 29
Ulysse et Polyphème 31
Thésée et le Minotaure 44
Œdipe, monstre-tyran 48
Platon : le tyran et la bête en nous 52
Des sophistes, antiques et modernes 57
Chapitre 2 Allemagne, France : deux nations en temps de crise 65
Renan : un État sous le masque de la nation 73
Fichte : l'utopie de la nation originelle 85
Fichte : élève de Machiavel, maître de Clausewitz 98
Chapitre 3 Allemagne : de la chute du Saint-Empire à la république de Weimar 121
Allemagne, la "nation tardive" à l'ombre du Roi-Soleil 122
Trois modèles politiques de l'Allemagne en quête d'un État 126
La République mal-aimée au bord du gouffre 133
Chapitre 4 Dieu et le souverain ou comment Dieu s'est politisée ? 139
Saint-Augustin : empires et royaumes... de "grands repaires de brigands" 144
Blaise Pascal ou l'augustinisme à l'âge scientifique 153
Le Corpus iuris civilis et la politisation du Dieu souverain 156
Allemagne : envie-haine de ce qui est hors d'atteinte (souveraineté, loi, État de droit) 171
Hegel : le chibboleth de la loi 176
Hegel et la souveraineté 179
Encore et toujours ce rêve d'empire 185
Chapitre 5 Schmitt : l'état d'exception et la dictature 189
La valeur d'un État sans valeur 191
Un Dieu occasionnaliste 201
La dictature, ou l'unité par la force 210
Schmitt, faux-monnayeur de Bodin 231
Deuxième partie - Lumières et obscurantisme
Chapitre 6 Lumières allemandes : Kant et l'Aufklärung tardive 245
Qu'est-ce que l'Aufklärung, version Kant ou Mendelssohn ? 250
Moses Mendelssohn 266
Chapitre 7 Retour de la Stoa : lumière et loi naturelles 273
Hugo Grotius : la Stoa, voie vers une guerre et paix plus juste 276
Spinoza : Dieu, Nature, Loi 283
Lumière naturelle, loi divine et loi humaine 286
Source de la lumière naturelle 295
Religion naturelle contre religion-superstition 300
Quête d'une loi inscrite dans le cœur de tout humain 305
Spinoza : lumière et ombres 314
Chapitre 8 Lessing et Mendelssohn : l'hérésie comme antidote à la Vérité 319
La vérité comme devenir 321
L'éducation du genre humain 326
Nathan le Sage et la nation-religion 331
La Raison contre la tyrannie de l'Un (Vérité/Dieu) 338
Moses Mendelssohn, juif allemand éclairé 342
Une religion du cœur 350
Le judaïsme peut-il être éclairé ? 356
La constitution originelle de la Ur-nation 363
Épilogue Lumières et critique : l'humain en crise 371
Bibliographie 385