
Ce qui se joue dans cette tentative de se comprendre n’est ni l’affirmation péremptoire de ce qu’on croit être ni l’ouverture à un autre que finalement on ne connaît pas, mais bien une certaine urgence de plonger dans ce qui constitue notre désir de devenir.
Parler d’identité aujourd’hui au Québec est sulfureux et politiquement piégé. Avancer que la question identitaire n’est pas une aberration d’un autre temps suscite des mouvements de colère et d’agressivité. On lui oppose la nécessité de comprendre l’autre, l’ouverture sur le monde. Cependant, insister sur cette ouverture, quelles qu’en soient l’ampleur et la portée, peut amener à oublier, sans la résoudre, la question identitaire. L’identité « canadienne-française » et, après elle, « québécoise » est plus complexe que ne le disent ceux qui la rabattent sur la religion catholique puis sur le pluralisme le plus accueillant. Elle est faite de tensions, de divisions internes, de pratiques conflictuelles, d’événements ambigus. S’il semble aller de soi qu’il faut accueillir l’autre dans sa différence, il faudrait aussi essayer de savoir quelle est l’identité de cet hôte qui l’accueille. C’est ce à quoi invite cet ouvrage.
Introduction 9
Chapitre 1 Le questionnement identitaire 15
Chapitre 2 Le nous absent : domination et vivre ensemble 49
Chapitre 3 Nous, les autres, les lieux de notre existence 93
Conclusion 117
Sébastien Mussi est professeur de philosophie au collège. Cofondateur de la NAPAC et des Cahiers de l’idiotie, il a publié, chez Liber, Dans la classe ( 2012 ) et dirigé La liquidation programmée de la culture ( 2016 ). Avec S. Bersier, il est l’auteur d’un roman graphique, Amonjak ( 2014 ).