
Avec l’émergence, dans l’Europe du dix-huitième siècle, des métropoles, des médias modernes et de la société de masse, il s’est mis en marche un processus d’esthétisation de l’existence qui a peu à peu transformé le corps social en protagoniste de l’histoire. En action dans le kitsch, l’art nouveau et l’industrie du spectacle ; radicalisé à travers l’expérience des avant-gardes artistiques du vingtième siècle et les performances des contre-cultures ; accéléré, édulcoré et nourri par la télévision et la culture pop, il semble arrivé aujourd’hui à la maturité en deçà et au-delà de l’art. Le voici s’épanouir dans des scènes urbaines chargées d’émotion et dans la socialité numérique — entre reels, mèmes, stories, live et streams —, partout où la vie quotidienne est devenue le cœur même de la culture, à la fois fétiche et instrument de la production, art et marchandise, sujet politique et objet de consommation. Ainsi, au moment même où nous assistons à l’émancipation tant souhaitée du public, nous constatons également sa définitive et volontaire aliénation.
Avant-propos • Chapitre 1 : Origines • Chapitre 2 : Figures de la modernité • Chapitre 3 : Sociologie des masses • Chapitre 4 : L’avènement du public • Chapitre 5 : Imaginaire, culture de masse et résistance • Chapitre 6 : Les transfigurations du spectacle • Chapitre 7 : Le bonheur des masses • Chapitre 8 : Médias et Éros : le corps amoureux • Chapitre 9 : Dépense et spectacle • Chapitre 10 : « L’enchaînement magique des infériorités » • Chapitre 11 : L’esthétisation de l’existence • Ouverture