Né au Pakistan en 1924, mort en Angleterre en 1989, Masud Khan est une figure originale, ambiguë, «monstrueuse», de la psychanalyse, chez qui cohabiteront génie et perversion, noblesse et avilissement. Arrivé à Londres en 1946, il intégrera peu à peu le milieu psychanalytique anglais, aura divers analystes, le deviendra lui-même, sera l’assistant inspiré de Donald Winnicott. Par ses intuitions et par sa clairvoyance, mais encore plus par son comportement, il déstabilisera la Société britannique de psychanalyse dont il rendra visible le désordre. Il en sera exclu un an avant sa mort.
«Ceci n’est pas une biographie de Masud Khan, mais une “vie” de l’homme, qui requiert une tout autre discipline que l’histoire. Celle-ci cherche l’exactitude — rappeler l’événement tel quel, dans son contexte, et sa place chronologique. L’écriture d’une “vie” est plutôt du registre de l’éthique. Ma question sera donc : quelle fut l’éthique de la vie de Masud, qu’est-ce qui en fait preuve, dans son être comme dans son existence ?» ( M. L. )
Michael Larivière est psychanalyste (Strasbourg). Il a notamment été codirecteur avec Conrad Stein de la revue Études freudiennes, et fondateur, avec Jean-Pierre Dreyfus, de la revue L’Artichaut. Il mène une activité internationale qui l’a conduit des États-Unis à l’Italie en passant par le Canada. Il est l’auteur de Que font vos psychanalystes ? (Stock) et d’Imposture ou psychanalyse ? (Payot). Aux éditions Liber, il a publié Se dire psychanalyste et croire éventuellement qu’on l’est (2018) et Les éléphants. Admiration, fascination, fétichisme, culte (2019).