
Le trouble est successivement et tout à la fois mélange, désordre, émotion, déstabilisation, perturbation. La création artistique contemporaine en présente l’expression paroxystique à travers les intensités atmosphériques, les images détournées, les multimédias, les scénographies débordées, les installations déstabilisantes, les corps en mouvement. Certains artistes entrent en résonance forte avec des affects et des percepts qui façonnent notre vie sur les potentialités de l’instable, celles des transmorphoses. Ils proposent à notre acuité une véritable anthropoétique du monde des apparences à travers les pratiques du perçu, de l’aperçu et de l’imperceptible.
Ce livre-opéra, à plusieurs régimes d’écriture, est une approche sensible et conceptuelle de l’expérience du trouble en divers aspects. Prenant appui sur des œuvres qui font vaciller le réel, de l’installation à la littérature, en passant par la chorégraphie, la photo, la vidéo et le cinéma, il dresse une affectologie du contemporain, autrement dit une spéléologie des genres d’existence engendrés par l’invention de formes singulières de notre culture.
Préambule
Chapitre 1 : Installations et bulles crevées
Une communication des ambiances
Pouvoirs de la déstabilisation
Présences paradoxales et zones de contemplation
Installations émotionnelles
Chapitre 2 : La scène débordée : les immersions incertaines
Espaces enchassés et troués
Basculements scéniques ( Guy Cassiers & cie )
L’expérience de l’expérience ( Steve McQueen, Gregor Schneider )
La plongée et le suspens
La projection et l’excendance ( Bill Viola )
S’abandonner : sortir de soi, revenir à soi ( Laurent Grasso )
Chapitre 3 : Vertiges chorégraphiques
Exercices de l’étourdissement ( Pina Bausch )
Changements météorologiques ( Meg Stuart )
Esthétique du trouble
L’excellence de l’imparfait ( Pina Baush, Alain Platel, Jan Fabre & cie )
Un regard nomade : interstices et symbioses
Chapitre 4 : La rue passagère. Les pérégrinations vidéo
Un monde phénoménal oblique ( exposition L’œil sur les rues )
L’intime en creux : ce qui se love ( C. Gfeller, R. Cahen, P. Phillips )
Le regard de la présence-absence ( François Vogel, Colin Dan )
Matières d’expression ( Kika Nicolela, Franck Scurti )
Des choses esquissées
Chapitre 5 : Images contemporaines et mélancolie.
Les volutes de l’intime
L’intime flottant
Profondeur des surfaces et épuisement ( Nan Goldin )
Le disparu apparaissant ( Eija-Liisa Ahtila )
Affects des temps morts ( Dominique Gonzalez-Foerster )
Femmes visuelles et mondes climatiques
Chapitre 6 : Esthétique de la vacance et cinéma
Résonances visuelles ou le temps qui passe
La dilatation du temps ou les jeux de l’intervalle et de l’intensité ( Michelangelo Antonioni )
Le corps du désœuvrement ou la dissolution du quotidien ( Nuri Bilge Ceylan )
Le plan de lenteur ou les friches du monde ( Béla Tarr )
L’épreuve du vide : terrains vagues et champs magnétiques
Chapitre 7 : Le transit artistique des images photo/vidéo
Atmosphères anthropologiques, approche de l’effleurement
Les chassés croisés de la vidéo photographique ( Lin Delpierre, William Kentridge )
Opacité du monde et écart des images ( Michael Ackerman )
Intervalles du regard
Chapitre 8 : Le flou et le trouble. Les évasions filmiques
Des passages discrets
Tourbillons et instant éternel ( Bill Viola )
Spectaculaire, spéculaire, spectral
Images affectives et climatologie des brumes ( Béla Tarr )
Expérience des abîmes
Les puissances du trouble ou une obscure clarté
Chapitre 9 : Surgissement de l’émotion
et perturbations littéraires
Tourments de l’emotion
L’émotion profane ( D. H. Lawrence )
L’évènement déconcertant ( Georges Bataille, Siri Hustvedt )
L’émotion souterraine ( Witold Gombrowicz, Don DeLillo )
Une scène secrète de la littérature
Zones de rêverie
Chapitre 10 : Le paysage des reflets
Espaces de réverbération et oscillations de l’illusion
Des reflets dans la ville ( Walter Benjamin )
Les arts de la fluidité et des coprésences. ( Exposition Dynamo )
Étendue et bords de l’intime
Conclusion
Table des sources
Bibliographie
Index