L’année 2024 qui débute risque fort de demeurer dans nos mémoires comme l’année de la polarisation ; notamment en raison des élections américaines. Quels que soient les résultats de celles-ci, notre voisin du sud n’en sortira en effet sans doute pas grandi et fera de plus en plus figure de pays coupé en deux : les États-Désunis d’Amérique. Entre une victoire électorale de Trump, qui ouvrirait la voie à un autocratisme brouillon et revanchard, et une défaite qui risque fort de plonger le pays dans une crise qui pourrait à tout moment dégénérer en violence, il n’y a pas lieu d’être très optimiste.
Or, cette bipolarisation n’est pas propre aux États-Unis. Ici même, Pierre Poilievre et Justin Trudeau s’apprêtent à jouer la même ritournelle électorale en s’accusant mutuellement de causer un tort irréparable au Canada. En Europe, la situation politique se résume peu à peu, comme ici et comme aux États-Unis, à un face à face entre droite libérale et droite populiste et nationaliste, dans lequel la gauche, ou ce qu’il en reste, se voit presque partout condamnée à jouer ou les boutefeux ou les seconds couteaux.
La polarisation • Raphaël Arteau McNeil, « C’est un scandale de délibérer » ; Patrick Moreau, Le règne des hyperboles ; Gilles McMillan, Quand le rire romanesque rencontre la montée aux extrêmes : Chien blanc de Romain Gary.
Autour d’un livre : Francis Denis, Une révolution pour rien. La permanence religieuse dans l’histoire du Québec moderne • Gilles Labelle, De la sécularisation à la déspiritualisation du monde ; Daniel Tanguay, La Révolution tranquille en procès ; Carl Bergeron, Comme un roman. Sur la vertu cathartique d’Une révolution pour rien ; Francis Denis, « La psyché québécoise est enfermée dans une forme archaïque de religiosité ».
Sous peine d’être ignorant • Dominique Lepage, Don Quichotte, ou les aventures d’un ingénieux roman.
Contribution libre • Eduardo Hardy, Le moment Shiva de Robert Oppenheimer ; Michèle Sirois, Enfants sur commande et ventres à louer : il n’existe pas de grossesse pour autrui « éthique » ; Jocelyn Létourneau, Je me souviens d’où je m’en vais. La mémoire comme distance et rappel.