Si le mot « décroissance » n’est peut-être pas un choix heureux — d’autant plus qu’une proposition de société qui reposerait sur la simple négation de ce qui existe n’est pas enthousiasmante —, sous l’angle critique, la focalisation sur la croissance ne saurait, elle, être plus pertinente. L’ idée et la pratique de la croissance ne révèlent en effet pas seulement la logique profonde de nos sociétés, elles constituent la principale cause d’une série de dérives écologiques, sociales, économiques, politiques et anthropologiques de moins en moins maîtrisables. La croissance apparaît en somme comme le moteur fatal de notre civilisation.
Ce dont on doit pourtant s’aviser c’est qu’elle n’est qu’un symptôme, non la maladie. Le doigt qui montre la lune, et non la lune. Plutôt que de proposer, comme il est courant, des stratégies de freinage de la croissance et de réduction de la consommation, le présent ouvrage procède à la reconstitution historique et idéologique du système qui, dans la modernité, a engendré le fétichisme de la croissance. On est dès lors mieux placé pour envisager la possibilité d’une société qui, tout en étant étrangère au régime de la croissance, ne s’inquiète ni de l’épuisement des ressources ni de la survie de la planète.
Avant-propos
Chapitre 1 La décroissance
Chapitre 2 Sociologie du régime de croissance
Chapitre 3 La dépense
Chapitre 4 Le non-penser
Annexe : Non pas un autre universalisme, mais autre chose que l’universalisme. Dialogue avec Serge Latouche
Remerciements
Bibliographie
Onofrio Romano est professeur associé de sociologie à l’université Rome 3, où il enseigne la sociologie du postdéveloppement et l’humanité environnementale. Il s’occupe de théorie sociale, postmodernité, participation politique, sociétés méditerranéennes et décroissance. Il est notamment l’auteur de The Sociology of Knowledge in a Time of Crisis ( Routledge, 2018 ) et de Georges Bataille. Depensare la crescita ( Jaca Book, 2019 ). C’est ici son premier ouvrage publié en français.